Le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) offre ou est censé offrir une base commune à l’élaboration de programmes, d’évaluations, de certifications et de matériels linguistiques. Ce référentiel, qui s’inscrit donc dans le cadre – politique – européen, a pour objectifs, tout d’abord, d’intensifier et de faciliter l’enseignement-apprentissage des langues étrangères, de promouvoir, ainsi, la mobilité personnelle et professionnelle entre pays membres, de favoriser, enfin, l’intégration de citoyens mobiles dans d’autres environnements linguistiques et culturels de l’Union. Parallèlement, depuis la publication de ce dispositif en 2001, certains pays non européens l’ont adopté ; et ils l’ont fait soit en le reprenant tel quel, soit en adaptant un certain nombre des principes qu’il promeut (Kherra, 2011 ; Sagaz et Ducatel, 2011).
Ces politiques et dispositifs d’adoption et/ou adaptation soulèvent des débats, entre autres linguistiques et didactiques, qui en fait ne sont pas nouveaux. Sans vouloir remonter trop loin dans le temps, par exemple aux méthodes traditionnelles ou audio-visuelles, on rappellera qu’il y a environ un quart de siècle, la diffusion massive des approches communicatives dans l’enseignementapprentissage des langues étrangères a soulevé des problèmes dont par exemple Le Français dans le Monde s’est fait l’écho dans sa livraison « Environnement et enseignement du français » d’aoûtseptembre 1982 (n° 171). Dans cette livraison, Ferenczi posait ainsi la question de l’exterritorialité, qu’il opposait, comme d’autres auteur.e.s de la livraison, à l’environnement, censé « nous attacher à l’univers physique et social, selon les ressources matérielles, les activités humaines et les codes culturels qui caractérisent une aire géographique et politique bien déterminée » (art. cité : 31). Pour autant, Ferenczi concluait, bien avant que l’idée de mondialisation ne se soit répandue : « l’accroissement des relations économiques, la multiplication des échanges humains et des contacts culturels que connaît notre monde moderne, ne sauraient laisser en l’état la didactique des langues toujours avide de renouvellement » (art. cit. : 33).
Une vingtaine d’années plus tard, le tournant actionnel des approches communicatives, qui a émergé avec le CECRL, et la large diffusion de ce dernier dans une Europe élargie, comme hors d’elle, ont relancé le débat, et renouvelé les questions ou les problématiques liées à l’environnement ou à la contextualisation, qu’on les aborde des points de vue politique ou didactique.
Ce colloque invite ainsi les jeunes chercheur.e.s à revenir et/ou à se pencher sur les enjeux politiques, sociaux, économiques, culturels et didactiques de l’importation (totale ou partielle) du Cadre, ainsi que sur les conditions et les difficultés de l’adoption et de l’application de ses principes ; les jeunes chercheur.e.s pourront s’appuyer sur le fait que nombre de spécialistes s’interrogent sur la standardisation, en proposant des approches diversement contextualisées (Blanchet, 2009 ; Blanchet et Chardenet, 2011 ; Coste, 2007 ; Lefranc, 2008 ; Puren, 2007 ; Springer, 2011).
Le colloque recueillera et confrontera diverses contributions suivant trois axes :
- Adaptabilité/Applicabilité du CECR dans de différents contextes
- Pourquoi des pays non européens adoptent-ils le CECR ? Et qu’adoptent-ils de celui-ci ?
- Le CECR est-il « contextualisable » et quelles sont les limites de cette contextualisation ?
- Comment utiliser le CECR pour créer des curricula dans des contextes non européens ?
- Élaboration des manuels dans les pays non européens
- Quel rôle peut jouer le CECR dans l’élaboration des manuels de FLE dans les pays non européens ?
- Dans quelle mesure, jusqu’à quel point l’élaboration de manuels en FLE, FLS, FOS, FOU, est-elle inspirée du CECR ?
- L’approche actionnelle, notamment, y est-elle prise en compte ?
- Évaluation et certification
- De quelle manière le CECR est-il reconnu, hors Europe, comme une référence standard pour l’évaluation des compétences linguistiques ?
- Dans quelle mesure ce standard fonctionne-t-il pour les mobilités entre pays non européens ?
- Quel est l’impact du standard européen sur les certifications locales en FLE ?
Modalités de réponse à l’appel, calendrier, inscription, publication
Les doctorant.e.s et les jeunes docteur.e.s (ayant soutenu après le 1er septembre 2015) en sciences du langage et didactique des langues sont invité.e.s à soumettre une proposition pour une communication de vingt minutes (suivie de dix minutes de discussion) qui sera transmise au plus tard le 15 mai 2017 à jd.praxitexte.crem2017@gmail.com. Les propositions contiendront le nom de leur auteur.e et la mention de son rattachement institutionnel, son adresse mail, un titre et une notice biographique (cinq lignes max.) ; le tout suivi, sur une autre page, d’un résumé de 500 mots ; le résumé ne mentionnera pas le nom de l’auteur.e et sera accompagné de quelques références bibliographiques (sur la même page). Les propositions seront soumises à une double expertise en aveugle qui sera effectuée par les membres du comité scientifique.
Les évaluations aux candidatures seront envoyées avant le 30 juin 2017.
La participation devra être confirmée, après acceptation, avant le 15 juillet 2017. Les inscriptions sans communication également.
Les frais de participation s’élèvent à 30 euros.
Une publication de textes sélectionnés est prévue sur le Carnet des jeunes chercheurs du CREM : https://ajccrem.hypotheses.org/
Références & orientations bibliographiques
BLANCHET, Philippe. 2009. « Contextualisation didactique : de quoi parle-t-on ? ». In : Le Français à l'université 2, 2-
3. Disponible sur le site de l’AUF : http://www.bulletin.auf.org/index.php?id=833 [Consulté le 5 février 2017].
CASTELLOTTI, Véronique & NISHIYAMA, Noriyuki Jean (dir.). 2012. « Contextualisation du CERC. Le cas de l’Asie
du Sud-Est ». Le Français dans le Monde – Recherches & Applications 50.
CONSEIL DE L’EUROPE. 2001. Cadre européen commun de référence pour les langues : apprendre, enseigner,
évaluer. Strasbourg : Éditions du Conseil de l’Europe.
COSTE, Daniel. 2007. « Contextualiser les utilisations du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues ».
In : Rapport de F. Goulier : Forum Intergouvernemental sur les politiques linguistiques. Strasbourg : Conseil de
l’Europe. Disponible à l’adresse :
http://www.coe.int/t/dg4/linguistic/Source/SourceForum07/ForumFeb06_%20Report_FR.doc [Consulté le 5 février 2017].
FERENCZI, Victor. 1982. « Motivation et environnement », dans Le Français dans le Monde 171, 31-33.
JEANNOT-FOURCAUD Béatrice, DELCROIX Antoine & POGGI Marie-Paule. 2014. « Introduction » à Contextes,
effets de contextes et didactique des langues. Paris : L’Harmattan, 9-36.
KHERRA, Nawel. 2011. « L’adaptation du CECRL aux besoins d'étudiants arabophones non spécialistes du français :
cas des étudiants de l’école préparatoire d'architecture dans le contexte universitaire algérien ». In : Synergies Europe
6, 85-98.
LEFRANC, Yannick. 2008. « Faire avec et contre le CECRL ». In : Évaluation et Cadre européen de référence pour les
langues, Sixième journée d’étude organisée par l’Association Régionale de Français Langue Étrangère dans le cadre
du Master de Didactique des langues. 15 février 2008. Strasbourg : Université de Strasbourg. Disponible à l’adresse :
http://fle.u-strasbg.fr/journeeval/lefranc.htm [Consulté le 14 janvier 2017].
LEFRANC, Yannick. 2014. « Le management enchanteur : gouvernement, technologie et double langage du CECRL ».
In : Cahiers du GEPE 6, « Politiques linguistiques en Europe ». Disponible sur le site :
http://www.cahiersdugepe.fr/index.php?id=2608 [Consulté le 14 janvier 2017].
Le Français dans le Monde (n° spéc. 171) : « Environnement et enseignement du français », sous la direction de Jacques
Cortès et Christian Pellaumail, Août-Septembre 1982.
PUREN, Christian. 2007. « Quelques questions impertinentes à propos d'un Cadre Européen Commun de Référence »
(Journée des langues de l’IUFM de Lorraine, 9 mai 2007. Disponible sur le site de l’APLV : http://www.aplvlanguesmodernes.
org/spip.php?article990 [consulté le 14 janvier 2017].
ROSEN, Evelyne. 2006. Le point sur le Cadre européen de références pour les langues, Paris, CLÉ international.
SAGAZ, Michel. 2011. « Contextualisation du CECR et pratiques méthodologiques locales : le cas du Japon ». In :
Synergies Europe 6, 75-84.
SAGAZ, Michel, DUCATEL, Nicolas. 2011. Pourquoi adopter le CECR au Japon ? In : Synergies Europe 6, 153-163.
SPRINGER, Claude. 2011. « Le CECR : outil de diversification ou de standardisation ? ». In : Cadre Européen Commun
de Référence et Enseignement du Français en Corée, Octobre 2011, Séoul. Disponible à l’adresse :
http://springcloogle.blogspot.fr/2011/10/cecr-standardisation-ou-diversification.html [consulté le 14 janvier 2017].